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Danielle Charest


1951-2011


Photo Martine Llanes

Après une rupture d'anévrisme survenue le 24 septembre 2011, à la maison des femmes de Paris, Danielle Charest, écrivain* et grande figure du lesbianisme radical, est morte dans la nuit du jeudi 13 octobre. Elle avait 60 ans.
Danielle fut maintes fois l’invitée de Bagdam, à Bagdam Cafée dans les années 90, à Bagdam Espace lesbien dans les années 2000, pour nos colloques internationaux d’études lesbiennes où elle intervint en 2001, 2004 et 2006 (voir plus bas). Elle fut aussi l’une des profs émérites de l’École des lesbiennes de Bagdam (2003-2005). Grâce à Danielle, Bagdam invita Taslima Nasreen à Toulouse en novembre 2004, et ce fut un grand moment où leur duo complice fit merveille (voir ici).

* écrivain et non écrivaine, auteur et non auteure, Danielle le souhaitant ainsi.

Voici sa biographie établie par elle-même à l’occasion de la publication de ses interventions dans la revue Espace lesbien.


Arrivée sur Terre au Canada (province du Québec), Danielle a milité dans le mouvement des lesbiennes, notamment en tant que membre du collectif de la revue Amazones d’Hier, Lesbiennes d’Aujourd’hui (AHLA) et pratiqué divers métiers (cueillette de fruits, peinture en usine et en bâtiment, enseignement de l’équitation et du français pour adultes, recherche de financement pour le Mouvement contre le viol et l’inceste, chauffeur de taxi, etc.) avant de s’installer en Europe (France) il y a plus de dix ans, où elle a présenté un mémoire de maîtrise sur les rapports entre femmes et hommes dans la littérature policière, puis une recherche de DEA sur le traitement des personnages homosexuels et lesbiennes, toujours dans cette littérature. Elle est aussi l’auteur* de romans policiers : L’érablière (1998), L’échafaudage (1999), L’étouffoir (2000), L’entrave (2002), aux éditions Le Masque, Conte à rebours, chez Diesel Press (2000), et d’une pièce de théâtre : Mais où est Mais, éd. du Sabord, Trois-Rivières, Canada (2000).

Nous ajouterons :
Publication de nouvelles dans les revues Art Le Sabord (Trois-Rivières), Trois (Montréal), XYZ (Montréal), Tessera (Montréal/New York), Mœbius (Montréal).
Ma maison, mon taxi, éditions Léméac, Montréal, 1992.
• « Le lesbianisme aux prises avec les mailles serrées de l'hétérosocialité transférée dans la littérature policière », Espace lesbien, n° 2, actes du 2e colloque européen d'études lesbiennes, Toulouse, juin 2001.
• « Les contrats apparentés au mariage : une fuite en arrière », dans Lesbianisme et féminisme : histoires politiques, Natacha Chetcuti et Claire Michard, L'Harmattan, 2003.
• « Les justicières ont mauvaise presse », Espace lesbien, n° 4, actes du 4e colloque international d'études lesbiennes, Toulouse, octobre 2004.
• Nouvelles (« Suite et fin », « Décalages »), Publication AHLA, collection ContrePied, n° 1, Montréal/Paris, 2004.
• « 3 x 3 = 12 », nouvelle parue dans le recueil collectif ...Disent-ils, publié conjointement par Bagdam édition et AHLA publications, 2006, préface par Nicole-Claude Mathieu.
Crimes suspects, femmes et hommes dans le roman policier, éditions Pepper, 2006.
Haro sur les fumeurs, Ramsay, 2008
• La Lettreinfo, publiée par mail à partir de 2008.
• « La dictature de l'hétérosocialité », intervention au colloque « Mouvement des lesbiennes, lesbiennes en mouvement » organisé par la Coordination lesbienne en France en octobre 2010 à Paris.
L'enchilada, avec Christine Aubrée, éditions iXe, mars 2011<http://www.editions-ixe.fr/content/lenchilada>


Les cérémonies et hommages


 Une cérémonie pour notre amie Danielle a eu lieu à Paris au crématorium du Père-Lachaise samedi 22 octobre 2011.
Lisez le très bel hommage que lui rend Oristelle Bonis, directrice des éditions iXe, où a paru en mars dernier le dernier ouvrage de Danielle (avec Christine Aubrée), L'enchilada.
Télédebout lui rend hommage avec un entretien vidéo réalisé en juin 2011 autour de la sortie du livre L'Enchilada aux Editions iXe. Voir la vidéo
 Le festival international du film lesbien et féministe de Paris Quand les lesbiennes se font du cinéma a consacré plusieurs moments à l'évocation de Danielle et de son œuvre :
- lundi 31 octobre avec un montage réalisé par Télédebout et le témoignage d'une de ses amies de lutte québécoises, Francine Meyer (voir plus bas, encadré vert).
- mardi 1er novembre, avec les témoignages de l'une de ses amies Natacha Chetcuti, Oristelle Bonis, son éditrice, Brigitte Boucheron et Jacqueline Julien de Bagdam.
- Tout au long du festival, les festivalières ont pu visionner un entretien réalisé par Atalante Vidéos féministes.

 Dimanche 30 octobre, ses amies du Québec ont organisé un hommage au centre communautaire gai et lesbien de Montréal.

 Samedi 28 janvier 2012, "les Lesbiennes Of Color (LOCs) et Lesbiennes Bulldozer (LB) vous invitent à rendre hommage à notre amie Danielle à travers ses livres, ses textes, ses engagements, son combat, sa rage.
Nous avons voulu associer à cette journée nos camarades lesbiennes radicales québécoises avec qui Danielle a créé la revue Amazones d’hier, lesbiennes d’aujourd’hui ; Télédebout ; VidéoObstinées ; les Archives Lesbiennes et la librairie Violet and Co.
Nous vous invitons à nous rejoindre dès 17 h
Des témoignages seront lus, des photos et vidéos de Danielle en action seront projetées.
Le ukulélés du groupe Sytème D, l’accordéon de Natalia… interpréteront des chants de luttes féministe et lesbienne que Danielle aimait comme l’Internationale, Bellaciao, chant des partisanes, l’Estaca…
Et comme Danielle aimait manger aussi, nous dégusterons un mezze « libanais » végétarien, sans oublier de quoi trinquer !
Nous vous attendons Toutes,
LOCs et LB.”



J'ai rencontré Danielle pour la première fois lors d'un débat aux ateliers Boucher en 1982 sur « Le féminisme : voie d'accès ou terminus ? » Ses propos m'ont convaincue, jusqu'à ce jour, que le lesbianisme est politique. Grâce à son travail dans Amazones d'hier, lesbiennes d'aujourd'hui (AHLA), au cours des années qui ont suivi, cette idée a fait son chemin. Nous avons été d'une même lutte, particulièrement lors de la venue du pape à Montréal, en 1984. Certaines d'entre nous se sont placées sous les bannières « Pape, chef de la multinationale hétérosexuelle, lesbiennes agissons ! » et « Lesbiennes contre l'hétérorisme » devant les bureaux du journal de Montréal qui avait publié un article à ce sujet, le 12 septembre 1984, intitulé « Les lesbiennes dénoncent le pouvoir religieux qui renforce l'oppression hétérosexuelle ».
Pour moi, Danielle est celle qui n'a jamais dérogé de ses convictions politiques profondes. Par la « lettreinfo » qu'elle a publiée, elle a mené une lutte acharnée pour rendre publiques toutes formes d'injustices sociales envers les lesbiennes et les femmes à travers le monde.

Francine Meyer, amie de lutte de Danielle.
Dit à Paris, au festival Quand les lesbiennes se font du cinéma, 31 octobre 2011

 

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Dernière mise à Jour : 6 juillet, 2012