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CE QUE LA COUPE DU MONDE FÉMININE DE FOOTBALL FAIT AUX LESBIENNES
ET VICE VERSA


L’été lesbien a été très animé, grâce notamment à la Coupe du monde féminine de football qui s'est tenue du 20 juillet au 20 août, en Australie et en Nouvelle Zélande, et qui a été gagnée par l'équipe d'Espagne. Cette neuvième édition s'est distinguée par un niveau exceptionnel d'attention médiatique, de succès populaire et de qualité de jeu. La présence d'une centaine de joueuses lesbiennes “out” n'a fait qu'augmenter notre joie de spectatrices et supportrices. 
Ce magnifique spectacle s'est néanmoins terminé de la pire des façons, avec une agression sexuelle à laquelle ont assisté en direct des millions de personnes. Lors de la remise des prix, Luis Rubiales, président de la fédération espagnole, a contraint l'attaquante Jenni Hermoso à l'embrasser. Ce geste et ses conséquences ont inspiré à La Rata et Veronica Noseda, deux lesbiennes passionnées de foot, un texte sous le signe de Monique Wittig qui s'est révélé un peu prophétique. Depuis la publication de ces mots sur les réseaux sociaux, en effet, Luis Rubiales a été suspendu [et a fini par démissionner], et le coach espagnol [Jorge Vilda], très critiqué par les joueuses espagnoles, a été démis de ses fonctions. 
La révolution féministe et lesbienne nous viendra peut-être du foot !  


Veronica Noseda, 8 septembre 2023

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LES NOUVELLES GUÉRILLÈRES
par Veronica Noseda & La Rata, 23 août 2023

On a écrit ça à 4 mains avec @laratatatoo, pour partager les émotions de dingues que nous procure cette coupe du monde de foot, la plus politique, anti-raciste, anti-impérialiste et queer qui soit.

On n'arrête pas de le répéter : la coupe du Monde de foot féminin, qui s'est terminée dimanche [20 août], est de loin l'événement le plus queer, féministe, révolutionnaire et anti-imperialiste qu'on ait eu la chance de vivre depuis des mois.
Rien ne sera plus comme avant. Ce mois de jeu mirobolant et d’émotions pures signe l’avènement inéluctable du royaume des meufs et des gouines, de ce monde qu’on a rêvé pendant des décennies depuis nos antres militants et qui maintenant est là, sous nos yeux rassasiés.

Elles sont les nouvelles guérillères, que l’ordre patriarcal en déroute veut vainement spolier de leur puissance, de leur force, de leur ruse. C’est ce qu’a essayé de faire le président de la fédération espagnole, Rubiales, en forçant l’attaquante Jenni Hermoso à l’embrasser sur la bouche lors de la remise des médailles. Il lui a saisi la tête avec ses deux mains - c’est un geste de prédateur habitué à se servir par la force. Mais c’est la tête d’une fauve qu’il a saisie, et elle le dévorera.

Elles disent je serai la vengeance universelle, et il faudrait le rappeler à Vilda, l’entraîneur que les championnes de la Roja ne veulent pas, celui même qui interdisait aux joueuses de verrouiller leur chambre à coucher lors des retraites internationales pour pouvoir mieux les tenailler. Vilda, comme tous les autres, n’est qu’en sursis, sa domination rubiconde va bientôt se casser la gueule, car le royaume des amazones est là pour perdurer.

Elles disent qu'elles secoueront le monde comme la foudre et le tonnerre. Le président de la FIFA, Gianni Infantino, qui, lors d’un sermon outrageusement paternaliste, prononcé à la fin du tournoi, a suggéré aux femmes de choisir les bonnes batailles tremblera lui aussi. Car, oui, elles sauront choisir les bons combats et mettront sa tête à prix, lui prendront tout, y compris sa suffisance.

Elles ne s’arrêteront pas. Ils ne peuvent pas les arrêter. Elles sont nigérianes, comme Asisat Oshoala, et enlèvent leur maillot pour fêter leurs buts. Elles sont colombiennes et gouines, comme Linda Caceido, et dessinent des trajectoires imprenables au-dessus de la pelouse. Elles sont gitanes, comme Olga Carmoso, et donnent la victoire en finale à leur équipe juste avant d'apprendre la mort de leur père. Elles sont haïtiennes, financent leur participation à la coupe du monde via un crowdfunding, comme Melchie Dumornay, et brûlent le terrain grâce à des fulgurances techniques hors pair. Elles sont gouines, comme la néo-zélandaise Ali Riley, et se peignent les ongles en arc-en-ciel pour détourner l’interdiction de la FIFA de porter des brassards LGBT. Elles sont gouines, comme l’anglaise Lucy Bronze, et refusent de serrer la main à Infantino. Elles sont gouines et prolo, comme Lauren Hemp, et leur butch outfit nous fait pleurer de joie. Elles sont gouines, comme l’espagnole Esther Gonzalez, et fêtent leur titre en embrassant leur amoureuse devant les caméras du monde entier pour lancer un avertissement à Rubiales et à tous les autres : notre désir vous ensevelira.


« Dans ce tournoi, les gouines sont partout. C’est un peu un monde idéal parce que la moitié des joueuses sont gouines et l’autre moitié mériteraient de l’être.
»



L'Espagnole Esther Gonzalez fête son titre en embrassant son amoureuse devant les caméras du monde entier.

La Colombienne Linda Caceido, 18 ans, révélation de la Coupe du monde féminine 2023. Survivante du cancer, défenseuse de l’environnement et de l’homosexualité.



La Néo-Zélandaise Ali Riley a peint ses ongles aux couleurs de l'arc-en-ciel pour détourner l’interdiction de la FIFA de porter des brassards LGBT
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L'Anglaise Lucy Bronze a refusé de serrer la main de Gianni Infantino, président de la FIFA.


 bagdam@bagdam.org
Dernière mise à jour : 11 Septembre, 2023