COLÈRES LESBIENNES

Textes écrits, en avril 2021, par des lesbiennes de Toulouse, en réponse à la stigmatisation ridicule du réseau Alda-Lesbiennes réfugiées et de l'association Bagdam Espace lesbien, par « l'Assemblée féministe étudiant.e », organisatrice d'une marche lesbienne, le 25 avril 2021, intitulée « Riposte lesbienne ».
Alda et Bagdam n'étaient pas les bienvenues à la marche, car grandement soupçonnées de « transphobie et de putophobie », mantras obsessionnels de la mouvance inclusive (pour ne pas dire intégriste), qui sévit actuellement sur la planète féministe et lesbienne.

Partout en France (mais aussi, aux USA, au Canada, en Grande-Bretagne…) sévissent dorénavant les tenant.e.s de la Religion Inclusive dont les disciples s'adonnent à une terrible pratique : surveiller et punir. Et cogner aussi. Et cela au nom du féminisme.
Il s'agit là d'un drame.

Non à un rassemblement antilesbien
qui exclut les lesbiennes !
Par Vanessa, du réseau Alda

Non, nous - Lesbiennes - ne participerons pas au rassemblement « lesbien » de Toulouse ce dimanche 25 avril. Car d’autres ne veulent pas que nous « envahissions leur lutte ». Mais quelle lutte ?

Le réseau Alda qui accueille les lesbiennes réfugiées à Toulouse et Bagdam Espace lesbien, quasiment les deux seules associations exclusivement lesbiennes à Toulouse, se sont fait blackbouler du rassemblement lesbien organisées par l’Assemblée féministe étudiant.e.s de Toulouse. C’est le terme «  exclusivement lesbien » qui dérange ? Nous y sommes habituées, mais dans un rassemblement lesbien, un peu moins !

Mais j’ose encore penser et espérer qu’une majorité d’entres « elles, ils, illes et iels » s’est fait manipuler pour arriver à exclure des lesbiennes d’un rassemblement lesbien ! Sans se connaître, sans s’être jamais rencontrées ! Comment pouvez-vous et allez-vous légitimer l’exclusion de lesbiennes réfugiées dans un rassemblement lesbien ? (Évitez-nous le raccourci de putophobe et transphobe). Plus lesbien, on ne peut pas faire pourtant : des lesbiennes qui ont fui leur pays, qui ont perdu des sœurs, noyées lors de la traversée, qui ont subi de multiples viols sur la route de l'exil, qui ont assisté au meurtre de leur compagne, qui ont été lynchées publiquement et par leur famille, attachées des jours et des jours nues au milieu de la place du village et j’en passe… tout ça parce que lesbiennes. On ne va pas surenchérir dans le pathos (les plus discriminées, les plus discriminées, c’est qui ?…). Tout ça pour s'être extraites envers et contre tout du patriarcat, contre les violences subies en tant que femmes et lesbiennes, des sorcières des temps modernes ! On veut encore les mettre sur le bûcher ? (Référence à « Les terfs au bûcher »). Leur tort est d’être lesbiennes, encore ? 

Et quel accueil de merde vous leur faites ! Tout ça pour ça ! 
Non, nous ne pouvons pas l’admettre ! S’il nous faut lutter contre le patriarcat, l’hétéropatriarcat, nous le ferons aussi contre cette mouvance abjecte qui attaque le lesbianisme et le féminisme (je n’ose même pas associer l’assemblée féministes étudiant.e.s de Toulouse dans son entièreté). Nous ne le ferons pas par la violence telle que nous la recevons depuis maintenant trop longtemps de votre part, mais en nommant vos intimidations, vos exclusions, vos insultes… et en n’ayant plus peur de parler publiquement au risque de se faire traiter de putophobe et de transphobe. Le débat n’est finalement pas là où vous voulez nous le faire croire, ce n'est qu'un effet de langage qui cherche à asseoir un pouvoir symbolique et à nous faire taire… nous lesbiennes réfugiées, politiques et historiques, nous en connaissons les mécanismes depuis longtemps.

Non, nous ne participerons pas à ce rassemblement anti-lesbien qui exclut les lesbiennes ce dimanche ! »

Vanessa du réseau Alda
Toulouse, 19 avril 2021