La visibilité lesbienne en France
:
it’s a long way…*
PRÉAMBULE
HISTORIQUE
Du
Puits de solitude de l’Anglaise Radclyffe Hall, roman
plaidoyer condamné par la justice pour obscénité,
en 1928 – et brûlé dans les caves de Scotland Yard
–, aux Amies d’Héloïse d’Hélène
de Monferrand, couronné par le Goncourt du premier roman en
1990, en passant par l’apparition d’œuvres théoriques,
poétiques et de fiction, produites par Marie-Jo Bonnet, Nicole
Brossard, Michèle Causse, Geneviève Pastre, Monique
Wittig, pour ne citer que quelques francophones, il s’est écoulé
moins d’un siècle. Mai 68 et le mouvement de libération
des femmes ont favorisé une accélération du processus
de création et d’affirmation individuelle ainsi que la
constitution collective – beaucoup moins rapide en France que
partout ailleurs en Europe de l’Ouest – d’une «
conscience » lesbienne, condition nécessaire mais, on
le verra, non suffisante pour l’instauration d’une véritable
visibilité lesbienne, tant sont grandes les résistances
: de la part de la société « at large »,
des féministes, des gays, des lesbiennes elles-mêmes.
L’importance de la littérature
La littérature est le domaine où s’est exprimée
et continue de s’exprimer le plus évidemment l’existence
lesbienne. De l’après-guerre à 1968, en une vingtaine
d’années, donc, une trentaine de romans paraissent en
France dont beaucoup sont le reflet de l’atmosphère ambiante
de répression, donc de dissimulation et de culpabilité,
voire de honte. Ce sont des romans catastrophes : aimée mystérieuse
et dure, qui fait souffrir (Le rempart des béguines,
Françoise Mallet-Joris, Julliard, 1951) ; retour de l’une
des amantes à l’hétérosexualité
(Qui qu’en grogne, Nicole Louvier, La Table ronde,
1953) ; amour non partagé (Althia, Irène Monesi,
Seuil, 1957, Je jure de m’éblouir, Éveline
Mahyère, Buchet/Chastel-Corrêa, 1958) ; mort de l’une
des amantes (La lettre, Clarisse Francillon, Pierre Horay,
1958). Bref, en général, ça ne se passe pas très
bien et ça finit très mal. « Ces textes sont produits
dans l’absence d’un sujet lesbien se nommant ouvertement
et publiquement comme tel, dans une époque de dispersion, de
silence, d’invisibilisation des lesbiennes, dans une société
aussi où les rôles assignés aux femmes ne sont
guère remis en cause et où les mentalités conservatrices
sont très fortes » (Claudie Lesselier) (1). Au milieu
de cette petite musique de chambre de romans paraissant discrètement
et souvent uniques – il arrive que l’auteure se suicide
(Éveline Mahyère) –, l’« opéra
» de Violette Leduc éclate et bouleverse plus d’une
adolescente des années 60. La Bâtarde (Gallimard,
1964), préfacée par Simone de Beauvoir, saluée
par la critique, à laquelle on ne donne pas le Goncourt ni
le Fémina pour « raisons morales », rend célèbre
son auteure dont l’œuvre devient accessible à des
milliers de lesbiennes.
Puis vint mai 68 et – à partir des années 1970
(2) – une floraison crescendo de parutions : écrits historiques,
biographiques, essais, poésie, fictions, journaux et revues,
qui contribuent à poser les fondements d’une culture
à part entière, donnant corps aux lesbiennes et répondant
à la belle injonction de Monique Wittig : « Il nous faut
dans un monde où nous n’existons que passées sous
silence, au propre dans la réalité sociale, au figuré
dans les livres, il nous faut donc, que cela nous plaise ou non, nous
constituer nous-mêmes, sortir comme de nulle part, être
nos propres légendes dans notre vie même, nous faire
nous-mêmes, êtres de chair, aussi abstraites que des caractères
de livre ou des images peintes » (Avant-note à La
Passion de Djuna Barnes, 1982) (3).
Quelques chiffres en moyenne pour la France (d’après
mes observations et tous genres confondus) : de l’après-guerre
à 1970 : 1 à 5 ouvrages par an ; années 70 :
5 par an – une cinquantaine ; années 80 : 10 par an –
environ 130 ; années 90 : 18 par an – environ 200 en
mai 1999 ; années 2000 : l’étude est en cours,
mais il est clair que la production est en progression.
L’importance des lieux lesbiens et de la non-mixité
L’une des caractéristiques essentielles de la vie des
lesbiennes est la rareté et très longtemps l’absence
de lieux collectifs où se rencontrer, et donc inventer, penser
ensemble, caractéristique qu’elles partagent avec les
hétérosexuelles : les unes sont atomisées dans
leur espace domestique respectif, les autres, individuellement ou
par petites tribus, dans les hautes herbes de l’hétérosocialité.
Il en résulte leur non-visibilité, leur non-socialisation
en tant que lesbiennes, d’où l’importance des lieux
créés par les valeureuses militantes pour à la
fois socialiser les lesbiennes qui le désirent, promouvoir
leurs réalisations, donc leur culture, et « assurer
cet autre type de visibilité, celle de la création lesbienne
auprès des lesbiennes » (D., introduction à
Diablesses, 1999).
Quant à la non-mixité, traditionnellement les espaces
collectifs non mixtes sont masculins. La non-mixité masculine
est l’un des fondements de la puissance des hommes, la condition
de la transmission sans partage de leur savoir et de leur pouvoir
et n’est jamais mise en question par celles et ceux qui questionnent
avec véhémence la non-mixité des femmes ! Laquelle,
juste retour des choses, fut la condition d’existence de l’un
des événements les plus importants de la fin du XXe
siècle : le mouvement de libération des femmes.
La
non-mixité est l’une des conditions incontournables de
l’indépendance de pensée des femmes. Je pense
à un slogan de mai 68 sur les murs de la chapelle de la Sorbonne
: « Comment peut-on penser librement à l’ombre
d’une chapelle ? » que je transforme en : « Comment
peut-on penser femme à l’ombre des hommes ? » «
Comment peut-on penser lesbien à l’ombre des gays ? »
Actuellement, malgré une forte contrainte ambiante à
la mixité, des espaces non mixtes naissent régulièrement
en France, à Paris (La Barbare, 1999, Les Furieuses Fallopes,
2003), à Rennes (Les Moulinettes, 2005), à Grenoble
(squats femmes et lesbiennes : après la Flibustière,
La Mordue vient de fermer mais un nouveau squat est en projet), et
même à Morlaix (association LAM, 2004) ! Sans parler
des groupes de « respiration lesbienne » qui naissent
invariablement au bout de quelque temps dans les associations gay-et-lesbiennes…
LES ANNÉES 70-80 : NAISSANCE DU MOUVEMENT
LESBIEN
Durant les années 70, articulée bon an mal an au mouvement
féministe (il y eut de grandes houles et de terribles ruptures…),
une première vague de pionnières, principalement à
Paris et à Lyon, crée des groupes lesbiens (4), des
journaux et des revues (5). Les archives lesbiennes naissent à
Paris en 1983. Des textes sont publiés dans des revues féministes,
homosexuelles mixtes et straight (6).
De grandes rencontres nationales (Paussac, 1979 ; Marcevol, 1980 ;
Leuzières, 1981), réunissant des centaines de lesbiennes
militant dans le mouvement féministe, sont le prélude
à ce qui est en train de naître : le mouvement lesbien
féministe.
Au lendemain de la rencontre lesbienne de Leuzières et de la
deuxième université d’été homosexuelle
à Marseille (1981, « … un regroupement mixte où
on ne pensait aux filles que dans la mesure où nous imposions
notre présence »), voici ce qu’écrit une
des participantes aux deux événements : « …
une dynamique existe, née d’une longue, patiente action
militante. Tout en étant d’accord sur la nécessité
de mener des luttes avec les pédés dans certains domaines
(qu’il faudra d’ailleurs redéfinir), nous ressentons
comme vital le besoin de nous réunir afin de trouver notre
terrain d’existence et d’action. Il faut que les lesbiennes
deviennent une force politique, qu’elles apparaissent comme
telle. (…) On a trop dit que les lesbiennes sont à la
charnière du combat féministe et du combat homosexuel.
Jusqu’à présent, cela a surtout signifié
que nous en étions les laissées-pour-compte. Prenons
notre place dans chacun de ces combats » (Françoise Renaud)
(7).
Sur le terrain théorique, la rupture avec les féministes
est déjà consommée avec la dissolution, l’année
précédente, du collectif de la revue Questions féministes
provoquée par le texte fondateur « On ne naît pas
femme » où Monique Wittig écrit : « …le
sujet désigné (lesbienne) n’est pas une femme,
ni économiquement, ni politiquement, ni idéologiquement.
(…) notre survie exige de contribuer de toutes nos forces à
la destruction de la classe – les femmes – dans laquelle
les hommes s’approprient les femmes et cela ne peut s’accomplir
que par la destruction de l’hétérosexualité
comme système social basé sur l’oppression et
l’appropriation des femmes par les hommes et qui produit le
corps de doctrines sur la différence entre les sexes pour justifier
cette oppression (8). »
Mais pour la majorité des lesbiennes des régions et
sans doute de Paris – qui se disaient toujours « homosexuelles
» et encore plus souvent « femmes », soit dit en
passant –, la conscience lesbienne est venue « inconsciemment
», plutôt grâce aux échanges informels au
cours de la « traversée du désert » des
années 80 que grâce aux lectures des théories
et à la connaissance des orages fondateurs parisiens dont beaucoup
ignoraient jusqu’à l’existence. C’était
dans l’air du temps et plutôt vécu comme une suite
du mouvement des femmes que comme une rupture. Pour preuve le texte
de présentation de Bagdam Cafée à Toulouse écrit
en 1989 : « En Europe, combien de lieux publics qui appartiennent
aux femmes – homosexuelles et hétérosexuelles
–, qui soient leurs territoires, inscrits dans le tissu social,
gérés par elles et pour elles, situés sur leur
parcours quotidien, professionnels ou de flânerie ? Bien peu
encore. Trop peu. Bagdam Cafée est l’un de ces lieux-là,
né du désir de quelques-unes, actrices et héritières
des luttes des femmes des années 70. »
À partir du milieu des années 80, un certain nombre
de lieux lesbiens voient le jour en France, qui prendront leur plein
essor au cours des années 90 : la revue La Grimoire
(1986), la plupart des maisons de vacances du Gers (quatre entre 1984
et 1987), le festival « Quand les lesbiennes se font du cinéma
» à Paris (1988), les éditions Geneviève
Pastre à Paris (1989), Bagdam Cafée à Toulouse
(1988).
ANNÉES 90 : LES ANNÉES LESBIENNES
Tous ces lieux et initiatives sont la base à partir de laquelle
va se constituer – enfin – la « communauté
» lesbienne française.
Légitimité/Visibilité
L’une des raisons de « l’explosion » lesbienne
des années 90 me semble être la prise de conscience,
au cours des années 80, d’une génération
de lesbiennes – la génération du MLF – qui
après avoir été féministes se sont découvertes
lesbiennes féministes, c’est-à-dire qu’elles
ont acquis quelque chose de fondamental : la légitimité
en tant que lesbiennes, après avoir acquis la légitimité
en tant que femmes. Elles ont donc pu faire entrer le désir
lesbien dans le champ politique. Ce qui revient à dire qu’elles
ont – sans toujours, comme je l’ai dit plus haut, en avoir
une pleine conscience et sans connaître vraiment les théories
des lesbiennes politiques – politisé le lesbianisme,
mettant en question l’hétérosexualité,
envisagée comme une simple idéologie où se reconduit,
entre autres, l’oppression des femmes. Ce que les féministes
straight avaient (ont toujours) beaucoup de peine à envisager,
et ce qui les a conduites à faire souvent l’impasse sur
les apports théoriques des lesbiennes politiques. Impasse illustrée
entre autres par l’absence d’une entrée Lesbianisme
dans le Dictionnaire critique du féminisme paru en
2000. L’« erreur » fut réparée dans
la réédition en 2004. Depuis seulement quelques années,
grâce à l’action d'une poignée de «
passerelles » entre le mouvement lesbien et le mouvement féministe,
la présence lesbienne est prise en compte par les féministes,
mais un instant d’absence et tout est à recommencer…
Quand on devient légitime, la clandestinité devient
un non-sens, on a besoin – entre autres – de lieux publics
où exister, où se rencontrer, où inventer ensemble,
et s’ils n’existent pas, ces lieux, on les crée.
Les années 90 voient le développement et la naissance
sur tout le territoire d’une économie lesbienne –
maisons d’édition, maisons de vacances, bars, services
divers, petits commerces, librairies par correspondance – et
d’un vaste tissu associatif (plus de vingt associations naissent
de 1990 à 1999). En 1997 naît la Coordination lesbienne
nationale (9) (renommée en 2002 Coordination lesbienne
en France) regroupant une vingtaine d’associations.
Ce besoin fondamental de réunion, au sens large, et d’expression
d’une génération de lesbiennes devenues légitimes
est à l’origine du « boom » des années
90 puisqu’il est à l’origine des lieux qui ont
permis la naissance et l’essor de toute une série de
réalisations.
RÉALISATONS
La littérature
L’auteure trentenaire d’un livre paru aux éditions
gaies et lesbiennes (Aurore Dorval, La louve, 1999) dit avoir
éprouvé son premier choc littéraire à
la lecture des… Femmes damnées de Baudelaire
! Ainsi une adolescente lesbienne des années 80 a eu le même
premier contact avec l’évocation écrite de ses
amours qu’une adolescente lesbienne des années 60, à
savoir un auteur masculin du XIXe siècle ! Qu’en est-il
d’une adolescente lesbienne des années 2000 ? A-t-elle
à son programme de français des auteures contemporaines
qui parlent d’elle ? non, bien sûr (10). Pendant combien
de temps encore l’adolescente lesbienne qui se cherche dans
les livres sera-t-elle renvoyée à Baudelaire ou, pire,
à Montherlant par son professeur de français (anecdote
authentique) !?
Quoi qu’il en soit, elle peut maintenant trouver facilement
des livres dont elle est l’héroïne, édités
soit par les maisons d’édition lesbiennes (huit francophones
(11)), soit par les maisons d’édition straight qui ont
entamé, depuis 1995 environ, un léger flirt avec le
lectorat lesbien – notamment dans le domaine du policier. Mais
il faut encore avoir de la chance et de bons yeux pour les dénicher
quand on n’y connaît rien puisque les librairies straight
n’ont pas de rayon femmes ni de rayon lesbiens (et gais) dignes
de ce nom.
Heureusement, il existe maintenant sept librairies spécialisées
(12) (qui vendent également accessoires et DVD). Certaines
proposent aussi un espace de mini-restauration, ce qui fait d’elles
des lieux de rencontres, voire de réunion, occasions de visibilité
lesbienne pour les lesbiennes. Certaines de ces librairies possèdent
leur site internet où l’on peut acheter en ligne. Enfin,
celles qui cherchent des livres anciens ou épuisés peuvent
s’adresser à la librairie par correspondance Les Amazones,
tenue par Chantal Bigot, l’érudition faite libraire et
dont le catalogue est un modèle du genre (13).
Par ailleurs, certaines associations se spécialisent dans la
diffusion d’œuvres littéraires et théoriques
lesbiennes. À Toulouse, par exemple, Folles saisons (2001)
propose une bibliothèque de prêt « à thématique
homosexuelle ». Enfin, de nombreux sites lesbiens (14)
permettent de se tenir au courant des dernières parutions.
Les
associations et groupes
Avant la décennie 1990, une lesbienne française des
années 70 et 80 disposait pour rencontrer d’autres lesbiennes
soit – si elle était féministe – des lieux
du mouvement des femmes, soit – si elle ne l’était
pas – de quelques rares bars et boîtes, mixtes le plus
souvent (et ça n’a guère changé). À
partir des années 1990, les associations, relayées par
Lesbia Magazine, ont élargi l’horizon lesbien,
contribuant, à donner aux lesbiennes françaises force
et légitimité ainsi que l’opportunité d’œuvrer
collectivement en tant que citoyennes comme en tant que lesbiennes,
tout en se socialisant « lesbien », en découvrant/construisant
leur culture et en se constituant un réseau de connaissances
et d’amies. (Comme le dit l’humoriste Shelly Roberts dans
ses Roberts’ Rules of Lesbian Living : « Votre
gynéco n’a pas à être lesbienne. Mais ça
aide. Votre avocate n’a pas à être lesbienne. Mais
ça aide. Votre amante, cependant, doit être lesbienne.
C’est obligatoire. » – Aïe ! Pardon Fannie,
chère bie de mon cœur…)
Selon les associations, l’accent est mis sur la convivialité
(repas, balades, fêtes, loisirs, sports), la culture et l’expression
lesbiennes (débats, cinéma, vidéo, littérature,
théâtre, musique, photos, arts plastiques), ou les actions
à caractère politique ou identitaire (actions contre
la lesbophobie, le racisme, la misogynie, l’extrême droite,
pour la visibilité, la solidarité avec les femmes agressées,
lesbiennes ou non, participation à la Marche mondiale des femmes,
à la journée internationale contre l’homophobie,
à la commémoration de la journée de la déportation
– la liste n’est pas exhaustive). Une mention spéciale
au CEL (Marseille) qui assure depuis cinq ans une écoute téléphonique
en direction des lesbiennes, initiative unique en France, et a produit
un travail conséquent sur le thème de la santé
lesbienne.
Certaines associations diffusent le journal de leurs activités
auprès de leurs adhérentes et des autres associations
: Clap Info (Cineffable, association organisatrice du festival
Quand les lesbiennes se font du cinéma, Paris) – Lesbroufe
( Les Voies d’Elles, Grenoble) – La Lune (La
Lune, Strasbourg) – Contes de fées (Femmes entre
elles, Rennes). Certaines ont leur site ou sont hébergées
(15) : les archives lesbiennes, Paris – Bagdam Espace lesbien,
Toulouse – Le CEL, Marseille – Cineffable, Paris –
CQFD/Fierté lesbienne, Paris – Lesbi-Art (réseau
national) – Les Voies d’Elles, Grenoble – La Barbare,
Montreuil, Les Bénines d’apie, Paris…
Par ailleurs, il existe un peu partout des groupes informels autour
d’un projet, comme « Le Placard brûle » à
Toulouse (BD lesbiennes – lolagouine@yahoo.fr) dont le caractère
éphémère rend difficile le recensement.
Mais en 2006, un constat s’impose : la grande vague collective
lesbienne en France issue de l’expérience féministe
n’est plus. Depuis 1999, de nombreuses associations ont soit
fermé leurs portes, soit restreint ou réorienté
leurs activités. Ce qui a pour conséquences une raréfaction
des lieux d’accueil et de socialisation pour les nouvelles arrivantes
et la perte de la mémoire et de la transmission de la culture
lesbienne – les lieux pérennes sont irremplaçables
pour la transmission car ils permettent des échanges in vivo
et au long cours, notamment intergénérationnels.
Les années 1990 ont été les années lesbiennes
féministes, les années 2000 sont les années LGBT
(lesbiennes, gays, bi, transsexuels) identitaires, avec l’apparition
d’un vaste tissu associatif où la mixité relève
de l’impératif catégorique. L’extraordinaire
fécondité de la non-mixité rendue possible par
le mouvement des femmes, antidote de la misogynie et outil magnifique
pour construire, entre autres, le genre lesbien, ne fait pas partie
de l’histoire, de la mémoire, de la vie de la plupart
des lesbiennes, militantes ou non, des nouvelles générations.
Beaucoup viennent de l’expérience gay identitaire, de
la lutte contre le sida, de la mouvance queer. Voilà qui est
bien plus valorisant, médiatisé et branché que
le féminisme ou le lesbianisme politique. Femme et lesbienne
are not beautiful… Le grand mouvement actuel où elles
peuvent se socialiser est le mouvement LGBT, dominé qu’on
le veuille ou non par des problématiques, des valeurs, des
jeux, des intérêts masculins : Gay is dominant. Le préprogramme
des universités d’été euroméditerranéennes
des homosexualités 2005 à Marseille était révélateur
à cet égard : étaient prévus, entre autres,
un « cycle visibilité lesbienne », un «cycle
visibilité trans », un « cycle malentendantEs »
; point de « cycle gay » et pour cause : Gay is dominant
et il a ses minorités… Le concept de lesbophobie a bien
du mal à s’imposer (16), « l’épithète
qualificatif lesbienne a même disparu, désormais réduit
à cette initiale, à cette seule et muette majuscule
: L. Soit le 1/4 de portion du fameux sigle fédératif
(pour fédérer quoi au juste ?) et abusivement consensuel
» (17). Les lesbiennes ou « l’éternel retour…
à l’invisibilité » (18).
Les lesbiennes de la génération MLF se sont noyées/invisibilisées
un temps dans les problématiques hétérosexuelles
(contraception-avortement…), les lesbiennes inscrites dans le
mouvement identitaire ou dans « le tous-genres » ne se
noient-elles pas dans des problématiques qui ne sont pas les
leurs ? À elles de voir. À chacune son roman d’apprentissage.
Quoi qu’il en soit, saluons la combativité des militant/e/s
LGBT qui sont sur tous les fronts : culturel avec l’organisation
de festivals de films un peu partout en France, politique avec le
bras de fer qui les oppose au pouvoir actuel sur l’égalité
des droits, et des actions/réactions nationales comme la campagne
pour faire annuler la tournée de concerts, prévue en
juin 2005, d’une star homophobe du reggae, Capleton. Tout ce
travail ne peut qu’avoir – du moins momentanément
– des retombées positives sur le rapport de forces hétéro/homo.
Les associations « d’intérêt
général »
Les lesbiennes francophones ont la chance d’avoir depuis 1988
un festival international de films de réalisatrices non mixte,
le premier du genre dans le monde (19) : « Quand les lesbiennes
se font du cinéma » est organisé à Paris
entièrement bénévolement par l’association
Cineffable. 1 700 festivalières, 7 000 entrées,
58 films de 19 pays, 23 réalisatrices présentes, l’édition
2004, la 16e, a reçu pour la première fois une subvention
de la mairie de Paris (15 000 euros). L’édition 2005
(du 28 octobre au 1er novembre) a offert comme toujours – outre
les projections – débats, exposition des plasticiennes,
informations venues de partout, stands, fête, et la très
précieuse cafétéria. Cineffable organise également
« tous les ans et ce depuis neuf ans, à l’occasion
de la Fierté lesbienne, bi, trans & gaie, son Best Of Mixte
(le BOM) ouvert à tout public. Le BOM n’est pas seulement
une occasion de voir ou revoir avec ses ami-es des productions lesbiennes
rares, c’est aussi une démarche de visibilité.
»
• CQFD/Fierté lesbienne, créée
en 1997, a organisé jusqu'en 2005 les manifestations de la
Fierté lesbienne, au mois de juin à Paris, à
l’occasion de la marche des fiertés LGBT. Se sont ainsi
succédé au fil des années : forum des associations,
cinéma, concert, espace artiste, débats, projection
vidéo, grande fête, char des lesbiennes... En 2005, la
banderole Fierté lesbienne était comme toujours dans
la marche du 25 juin à Paris et CQFD donnait rendez-vous aux
lesbiennes et à leurs amies pour une très grande fête.
« Venir à la fête, c’est aussi un acte militant
de solidarité : depuis plusieurs années, CQFD/Fierté
lesbienne s’investit contre la lesbophobie par le soutien financier
(grâce aux entrées de la fête) des actions en justice
contre les violences lesbophobes. À ce jour, cinq procès
ont pu être financés, à raison de 1 000 euros
par procès (prise en charge des frais d’avocate) et nous
avons la capacité d’en financer beaucoup plus grâce
aux excédents de la fête annuelle. »
Le troisième volet des activités de CQFD/Fierté
lesbienne est la mise en place d’un réseau lesbien européen.
La première rencontre a eu lieu à Marseille le 28 mai
2005 à l’occasion de la rencontre européenne de
la marche mondiale des femmes.
• Bagdam Espace lesbien, créée en 1988
sous le nom de Bagdam Cafée, poursuit depuis la fermeture du
café, le 1er janvier 1999, sa vocation de lieu culturel et
politique de visibilité lesbienne non mixte. Outre ses activités
régionales (rencontres-débats, programmation de films,
Printemps lesbien), Bagdam organise depuis 2000 un colloque bisannuel
international d’études lesbiennes qui réunit à
Toulouse des chercheuses et militantes du monde entier dans et hors
institution. La publication des actes du colloque dans sa revue Espace
lesbien assure la diffusion de la pensée lesbienne, «
pour être sûres de ne pas laisser sans mémoire
notre passé, sans paroles notre présent, sans références
notre futur ». Le 5e colloque s'est tenu du 14 au 17 avril 2006.
Son thème : Tout sur l’amour.
• Lesbi-Art (l’art des lesbiennes, les lesbiennes
de l’art), créé en 2003, est un réseau
d’artistes et de créatrices lesbiennes. Ce projet est
aujourd’hui en cours de réalisation en partenariat avec
la Coordination lesbienne en France. Son objectif est double : politique
(assurer une meilleure visibilité lesbienne) et pratique. Le
réseau regroupe artistes, techniciennes du spectacle, organisatrices
de manifestations, lieux de diffusion, théoriciennes et chercheuses…,
et toutes celles qui souhaitent s’investir dans les différents
domaines culturels dans une perspective féministe. «
En résumé, Lesbi-Art est une plate-forme de compétences
pour renforcer notre efficacité et notre visibilité,
tant sur le plan artistique que politique. De tels réseaux
sont actifs depuis longtemps à l’étranger. »
• La Coordination lesbienne en France (CLF) (20), union
d’une vingtaine d’associations et de lesbiennes individuelles,
créée en 1997, œuvre pour la visibilité
des lesbiennes à la fois dans les mouvements LGBT en étant
présente dans les marches des fiertés et à l’inter-LGBT
et dans le mouvement féministe avec la Marche mondiale des
femmes ou les organisations féministes nationales. L’une
des premières actions de la Coordination fut de demander et
d’obtenir une entrevue avec Geneviève Fraisse, alors
déléguée interministérielle aux droits
des femmes (mars 1998) : « Une coordination lesbienne nationale
reçue – donc reconnue – dans les murs du pouvoir
de la République d’un des pays les plus machistes d’Europe
! Impensable il y a quelques années ! [ ... ] En nous recevant,
cette République s’engage officiellement sur le chemin
de la reconnaissance de notre double citoyenneté de femmes
et lesbiennes » (Nicole Sirejean, membre de la délégation).
Depuis, la Coordination est régulièrement sollicitée
par les instances politiques de droite comme de gauche : dernier trimestre
2004 : audition par la commission des lois de l’Assemblée
nationale à propos du projet de loi pour pénaliser les
propos discriminatoires sexistes et homophobes ; audition par le groupe
Droits des femmes de l’Assemblée nationale sur le même
sujet ; séance de travail avec le groupe parlementaire du parti
communiste toujours sur le même sujet. La CLF est intervenue
aux FSE de Florence (nov. 2002) et de Paris (nov. 2003). En chantier
actuellement, entre autres : l’élaboration d’une
loi cadre contre les violences faites aux femmes pour y faire inscrire
la lesbophobie (travail dans le cadre d’une commission du Collectif
national pour les droits des femmes), la réalisation d’une
brochure d’information sur les lesbiennes avec Anne Hidalgo
de la mairie de Paris, la construction d’un réseau lesbien
international (prise en charge par l’association CQFD), l’élaboration
d’une liste d’ouvrages concernant les lesbiennes à
l’intention des bibliothèques et médiathèques
de France. Toutes ces actions et bien d’autres sont portées
par une poignée de valeureuses qui courent de réunions
en manifestations, poursuivies par des montagnes de mails ! Par ailleurs,
elle organise, le 19 mai 2007, un colloque national : Visibilité
et invisibilité des lesbiennes.
Commerce et militantisme
À partir du milieu des années 90, un certain nombre
d’entreprises commerciales voient le jour, je pense par exemple
à Diabolo, SARL de diffusion par correspondance de livres,
de vidéo et de CD. La motivation de D., sa créatrice
(elle n’avait pas trente ans), était de « défricher
une terre vierge pour aider à la promotion de la culture lesbienne
(car il n’y a pas de culture sans réseau de diffusion
de cette culture) ». Créée en 1994, Diabolo a
fermé ses portes en 2002, un vrai dommage pour les lesbiennes
francophones : D. était sans doute la meilleure spécialiste
de littérature lesbienne contemporaine. Partie vers d’autres
activités, elle nous laisse, sous le titre Diablesses,
un catalogue quasi exhaustif de tous les ouvrages lesbiens disponibles
jusqu’en 1999.
En général, on peut dire que la plupart des activités
commerciales en direction des lesbiennes ont peu ou prou un caractère
militant. Il faut rendre hommage ici à Marian Lens, créatrice,
de la librairie Artémys (1985-2001) à Bruxelles, qui
fut la plus importante librairie lesbienne francophone d’Europe.
Ses motivations : « Créer un groupe de pression lesbien,
désir de changer le monde avec des valeurs lesbiennes. Promouvoir
tout ce qui est réalisé par des lesbiennes et des femmes
(indépendantes, non soumises à la classe des hommes).
Créer une librairie qui soit un lieu de diffusion, de créations
et d’échanges d’idées, dans une volonté
de changement de société. »
Je n’étonnerai personne en disant que Marian Lens ne
vivait pas de la vente des livres ; elle s’en tirait –
chichement – grâce à la carterie, secteur qu’elle
avait si bien développé qu’Artémys était
devenue l’une des carteries les plus importantes de Belgique.
Quant à D., elle tirait carrément le diable
par la queue.
En
France, comme en Belgique, les services et commerces en direction
d’une clientèle lesbienne sont héroïques
: trop de lesbiennes ne pensent pas lesbien, donc ne dépensent
pas lesbien. Ce qui, souvent, entraîne la mort des entreprises,
et de toute façon freine leur expansion et l’ambition
de leurs créatrices. Il faut une exceptionnelle pugnacité
pour maintenir son rêve. Geneviève Pastre a cette pugnacité.
Créée en 1989, sa maison d’édition propose
ses titres sur internet depuis 1999 (21). Un grand bravo également
à Corinne D. – cofondatrice de Atprod (1989), cocréatrice,
entre autres, avec Nadia E., du dykeGuide lesbien (22), du
Réseau lesbien, service de rencontre du dykeGuide,
et de la dyke boutique – qui fut la première à
créer un site internet (français) réservé
aux lesbiennes (1997), lequel est aujourd’hui un véritable
point de rencontres et d’information. « Mon bilan est
très positif. […] J’ai l’impression, sans
avoir eu pour objectif de militer, d’avoir apporté des
choses à la communauté lesbienne, non seulement la possibilité
de se rencontrer (ce qui n’est encore aujourd’hui pas
toujours simple) mais aussi la possibilité de connaître
les lieux lesbiens qui leur sont destinés. Le dykeGuide
permet en outre aux lieux et associations de se faire connaître.
Il a donc une vraie vocation militante. De plus, toute initiative
de ma part pour agrandir l’activité de mon entreprise
est un acte militant dans le sens où j’ai à traiter
avec des fournisseurs parfois pas franchement "gay-friendly"
et que je le fais la tête haute. La seule ombre au tableau est
la difficulté de faire du commercial dans et pour le milieu
lesbien. Peu d’entreprises survivent, les lesbiennes semblent
réclamer et vouloir tout un tas d’articles ou produits
qui leur soient destinés, mais ne semblent pas avoir une réelle
démarche de "consommons lesbien" ! Il devient donc
extrêmement difficile de maintenir les entreprises purement
lesbiennes, le "marché" lesbien se retrouve bien
souvent être une branche du marché gay, tenu par des
gays ! Malheureusement, trop souvent la qualité n’est
pas au rendez-vous, d’abord parce que les hommes d’affaires
gays ne se sont jamais véritablement intéressés
au marché lesbien et ensuite parce qu’ils ne le connaissent
pas. » (23)
Avec
la librairie Violette and Co, ouverte en 2004, l’entreprise
lesbienne s’est enrichie d’un superbe fleuron. Celles
qui habitent Paris ont l’opportunité de rencontrer la
fine fleur de la pensée et de l’écriture lesbiennes
grâce au travail acharné des créatrices de cette
belle librairie, qui concoctent tous les mois un programme de rencontres
avec les auteurs d’une richesse qui ne se dément pas
au fil des mois.
« Nous avons commencé à penser le projet de cette
librairie en février 2003 après la fermeture de Pause-lecture.
Nous pensions qu'une deuxième librairie lesbienne et gaie à
Paris n'était pas superflue, d'autant plus que très
vite nous avons précisé le projet en ajoutant la dimension
féministe (il n'y avait plus de librairie de femmes en France
depuis 1999). Nous avons mis un an exactement à monter le projet
puisque Violette and Co a ouvert en février 2004. Au niveau
personnel, Catherine voulait changer de travail pour mettre plus en
accord ses convictions et centres d'intérêts avec sa
profession, Christine désirait créer son propre boulot
(elle était employée à cette époque à
mi-temps par les éditions gaies et lesbiennes où elle
avait publié Attirances. Lesbiennes fems, lesbiennes butchs
avec Ingrid Renard) et ouvrir une librairie est souvent un rêve
pour beaucoup. Toutefois une librairie reste un commerce et il ne
faut pas oublier cette dimension si on veut qu'elle dure ; mais il
y a évidemment un côté engagement (ne serait-ce
que par le nombre d'heures de travail sans commune mesure avec une
rémunération quelconque !), par exemple dans le choix
des livres, dans les sujets des rencontres, etc.
Ce qui est clair après un an et demi de fonctionnement, c'est
que Violette and Co est identifiée comme une librairie lesbienne
et féministe beaucoup plus que gay et qu'il y a aussi un bon
nombre de trans qui viennent car nous avons monté un rayon
intéressant. Nous sommes aussi très contentes d'avoir
un lieu qui nous permettent de faire de vraies rencontres avec les
auteures(rs), qui attirent pas mal de monde. La librairie fonctionne
bien, nous nous sommes fait connaître rapidement, nous avons
une visibilité dans le quartier, mais rien n'est (jamais) acquis
et il y a encore plein de femmes qui nous découvrent. Nous
voulons continuer sur notre ligne générale, c'est-à-dire
proposer un lieu ouvert, aussi bien par l'accueil que par le choix
des livres : nous ne sommes pas la librairie d'une tendance, nous
offrons une variété de points de vue et de styles qui,
pensons-nous, contribuent à enrichir la réflexion et
la création. »
La presse
Depuis 2003, la doyenne Lesbia Magazine (fondée en
1982 !) n’est plus le seul journal en direction des lesbiennes
francophones, qui peuvent désormais trouver en kiosque et dans
certaines librairies spécialisées de l’hexagone,
de Belgique et de Suisse trois nouveaux titres bimestriels (dont les
ours sont mixtes mais où la présence lesbienne est plutôt
paritaire) : La Dixième Muse, « le mag’
des filles qui aiment les filles »; Oxydo magazine,
« culture art société tribus » ; Love
Pirates, « magazine d’expression et de culture lesbienne,
trans et gay » (parution suspendue depuis juin 2005) –
et comme toujours, selon l’idéologie plus ou moins progressiste
des kiosquaires, on les trouve soit dans le rayon porno, soit dans
le rayon presse spécialisée femme ou homme… Mentionnons
enfin Têtu, « le magazine des gays et des lesbiennes
» où l’existence lesbienne occupe un strapontin
et qui a commis la maladresse – au bas mot – d’intenter
un procès (qu’il a perdu) à la sociologue Marie-Hélène
Bourcier qui avait dénoncé l’hégémonie
de la presse gay au détriment des lesbiennes dans une interview
accordée au magazine suisse 360°. Ceci dit, on
trouve dans Têtu, notamment dans l’agenda, informations
et articles qui sont toujours bons à lire.
Le cinéma
« L’explosion de la production d’images lesbiennes
a eu lieu dans les années 90 dans les pays anglo-saxons, avec
une écrasante prédominance des productions américaines.
Pourquoi ? Parce que ce sont là-bas des lesbiennes qui financent
les films lesbiens, des lesbiennes qui filment les lesbiennes, des
lesbiennes qui éditent les vidéos lesbiennes et des
lesbiennes qui diffusent le tout… » (D.).
Le fonds francophone ou traduit est beaucoup plus maigre, la production
annuelle beaucoup moins importante que dans le domaine de l’écrit.
De plus, la plupart des films lesbiens ne sont projetés nulle
part, faute de distributeurs. La visibilité des images lesbiennes
est donc fort réduite en France. De 1995 à 1999, les
Françaises qui n’avaient pas la possibilité de
se rendre au festival Quand les lesbiennes se font du cinéma
pouvaient voir en salle un long métrage de fiction par an réalisé
par une lesbienne : 1995, Go Fish, Rose Troche, USA - 1996,
When night is falling, Patricia Rozema, Canada - 1997, L’incroyable
histoire vraie de deux filles amoureuses, Maria Maggenti, USA
- 1998, Fire, Deepa Mehta, Canada - 1999, High Art,
Lisa Cholodenko, USA. Depuis le début des années 2000,
il semble que les distributeurs français qui diffusaient en
salle des longs métrages de fiction réalisés
par des lesbiennes se font encore plus rares, ce qui a pour conséquence
que nous n’avons plus « notre » film par an. Le
relais est maintenant pris par les DVD, ce qui permet aux associations
d’organiser des projections soit dans leurs locaux, soit en
partenariat avec des salles de cinéma de leur ville (c’est
le cas, par exemple, des associations La Luna loca et Bagdam Espace
lesbien, à Toulouse). Ainsi avons-nous pu voir Chutney
Popcorn (Nisha Ganatra, USA, 1999), Better than Chocolate
(Anne Wheeler, USA, 1999), Sex Révélations (If
These Walls Could Talk, Jane Anderson, Martha Coolidge, Anne
Heche, USA, 2000). La multiplication des festivals de films LGBT un
peu partout en France permet également de voir des images et
problématiques lesbiennes, même si parfois les lesbiennes
restent sur leur faim, réduites qu’elles sont au fameux
« L quart de portion » évoqué plus haut.
Toujours du côté de la production d’images, regrettons
la disparition de la TGTL (Très Grande Télévision
lesbienne – 1995-2001), association de quelques passionnées
de vidéo et qui produisaient, réalisaient et diffusaient
des documentaires, et chaque semestre le journal vidéo des
actualités lesbiennes, nationales et internationales. Leurs
archives sont un trésor de mémoire lesbienne.
La chanson
En France, pas de chanteuses lesbiennes « officielles »
déplaçant des milliers de fans comme le fit KD Lang
aux États-Unis… Peu d’auteures-compositrices-interprètes
lesbiennes françaises chantent lesbien : le jeu consiste donc
à glaner ça et là quelques chansons plus ou moins
explicites au répertoire des Belladonna 9 ch, Véronique
Pestel, Catherine Fontaine, Juliette, les Femmouze T. Pour des raisons
qui leur appartiennent, Mouron et Zaniboni ne chantent pas leurs amours.
Quant à Catherine Lara, elle ne chante plus lesbien depuis
longtemps... Seule Anne Demortain, apparue en 1996, chantait 100 %
lesbien. Mais elle a pris d’autres chemins depuis. Connaissez-vous
Sphinx de nuit, de la regrettée Colette Magny ? Une
merveille…
LA RÉPONSE HÉTÉROSEXUELLE
Dans le domaine de la culture et des médias, la réponse
hétérosexuelle à l’existence lesbienne
oscille entre silence, résistance, intérêt parcimonieux
et « tolérance répressive (24) », consciente
ou non.
L’édition
Comme on l’a vu, le monde de l’édition a commencé
à s’intéresser au lectorat lesbien au milieu des
années 90. Pourquoi ? « Publicité » due
au combat pour le PACS (commencé en 1992 sous le nom de CUC),
et gagnant en notoriété au fil des années, Marche
des fiertés réunissant de plus en plus de monde et suscitant
une couverture médiatique de plus en plus large, enhardissement
des lesbiennes travaillant dans l’édition ? Une étude
plus approfondie que le présent texte le dira sans doute.
En 1995, une quatrième de couverture fait sensation dans le
landerneau lesbien : celle de Tout ce qui est à toi,
roman policier de l’Américaine Sandra Scoppettone, au
Fleuve Noir, où l’on peut lire : « Sandra Scoppettone
vit à New York avec l’écrivain Linda Crawford.
» Cette indication est une première – à
ma connaissance – et ce roman inaugure la publication, chez
divers éditeurs – dont principalement Le Masque –,
d’une série de policiers dont les héroïnes
sont lesbiennes et ou féministes. Par ailleurs, en publiant
romans, essais, biographies, dictionnaires…, les éditeurs
straight contribuent, qu’ils le veuillent ou non, à la
visibilité et à l’élaboration de la culture
lesbienne (et davantage encore de la culture gaie puisqu’il
paraît environ 3 à 4 fois plus d’ouvrages la concernant,
selon mes libraires préféré/e/s).
La télévision
Depuis 1995, la télévision nous donne à voir,
une fois par an environ, quelques fictions (sur Arte et France 2 principalement)
(25), des documentaires (26), des émissions pour le fun dont
Canal + a la spécialité (27). Les émissions grand
public laissent le plus souvent un goût amer de tolérance
répressive. Dans la dernière en date, Des femmes
qui aiment les femmes (Mes questions sur…, Serge Moati,
France 5, avril 2005), seule la photographe Delphine Kermorvant a
su tirer son épingle du piège récurrent des émissions
consacrées aux lesbiennes : l’enfermement dans la sphère
privée et les sempiternelles histoires de vie qui privent l’existence
lesbienne de sa dimension créatrice, collective, politique.
Il existe de la part des journalistes une volonté systématique
d’exclure des castings les lesbiennes porteuses d’une
parole politique. Le documentaire Bleu Blanc Rose, trente années
de vie homosexuelle en France (Yves Jeuland, France 3, 2002)
est hélas exemplaire à cet égard, et impardonnable,
car tout avait été loyalement donné au réalisateur
(gay) pour qu’il fasse le travail de mémorialiste qu’il
disait vouloir faire. On ne nous y reprendra plus… En général,
les documentaires « illustrent les fantasmes de départ
des journalistes au mépris de la réalité multiforme
des lesbiennes, cantonnant celles-ci dans des formes de visibilisation
contrôlées et restreintes (lesbiennes en couples, mères)
» (Marie-Hélène Bourcier, La Dixième
Muse, nov.-déc. 2004). Un grand coup de chapeau, en revanche,
à Catherine Muller-Feuga, pour La sexualité lesbienne
(1996, France 3 Sud, avec Marie-Jo Bonnet, Michèle Causse et
Jacqueline Julien), l’une des meilleures émissions réalisées
en France sur les lesbiennes, en étroite collaboration avec
l’association Bagdam Cafée, à Toulouse.
Bonnes ou mauvaises, ces émissions ont un rôle fondamental
: elles permettent aux lesbiennes perdues en hétérosexualité
de trouver une piste – un lieu, un nom, une adresse –
pour rejoindre leur planète.
Deux informations : la parution du film réalisé sur
Michèle Causse, de Michel Garcia-Luna, Michèle Causse,
une écrivain en terres occupées, 50’, bijou de
didactisme sur le lesbianisme radical et le chantier entrepris par
Michèle Causse sur le langage. Un DVD à commander chez
libussa@club-internet.fr. Et voilà qu’arrive en France
The L Word (L ? Ah oui, le quart de portion), série
américaine créée en 2004 (1er épisode
le 19 juin 2005 sur Canal + et le 25 sur Pink TV, et téléchargeable
et achetable en DVD). L’histoire est celle d’un groupe
de jeunes femmes (lesbiennes pour la plupart) à Los Angeles
et de leurs vies, carrières et relations sentimentales. Et
voilà ce que dit une fan sur Internet : « C’est
si simple d’être amoureuse d’une femme après
avoir vu la série ! » Ah bon ? Cool !
Le cinéma
La grande distribution est plutôt chiche en matière de
films dont les lesbiennes sont le centre. Et pour cause : «
Les quelques succès commerciaux qui parviennent à gagner
la faveur du grand public n’assurent pas LA visibilité
mais une certaine visibilité des lesbiennes, compatible avec
les valeurs hétérosexuelles de l’espace public
» (D., introduction à Diablesses).
Une illustration magistrale de cette théorie : Gazon Maudit
(Josiane Balasko, France, 1994) où l’héroïne
lesbienne, de libre, debout et indépendante qu’elle était
au début du film, se retrouve couchée, mère et
dépendante financièrement du père de l’enfant
! Heureusement, il y eut Beignets de tomates vertes (Jon
Avnet, USA, 1991), une petite merveille jubilatoire – malgré
l’occultation de la sexualité entre les deux héroïnes.
L’extrême violence de Bound (Larry et Andy Wachowski,
USA, 1995) gâche un peu ce policier bien ficelé à
l’imagerie très hétéro-masculine. Dans
Avec ou sans hommes (Herbert Ross, USA, 1995), Whoopi Golberg
est une chouette lesbienne féministe et le coming out collectif
de Pourquoi pas moi ? (Stéphane Giusti, France, 1999)
est bien sympathique. Depuis 2000 sont sortis une quinzaine de films
(28) abordant peu ou prou l’homosexualité féminine,
le plus souvent réalisés par des hommes et qui n’ont
pas eu l’honneur de devenir des films cultes du monde lesbien,
sauf peut-être le DVD Caresser le velours (Tipping
the Velvet, Andrew Davies, Grande-Bretagne, 2002), adaptation
du célèbre roman éponyme de la romancière
anglaise Sarah Waters.
Une mention toute spéciale à Bagdad Café
(Percy Adlon, USA, 1988) et Thelma et Louise (Ridley Scott,
USA, 1991) qui traitent d’un sujet rarissime au cinéma
et dans la culture hétérosexuelle en général
: l’amitié entre femmes.
L’université
Le sujet vaut un article à lui tout seul ! Disons que là
tout particulièrement it’s a long way ! Les rares enseignantes-chercheuses
qui veulent inscrire leur champ de recherche dans le cadre universitaire
n’ont pas la vie facile. Les doctorantes s’entendent dire
que leur sujet de thèse n’est pas « scientifique
» (autrement dit « ne répètent pas l’héritage
de la pensée hégémonique ») (29), et leur
avenir professionnel est souvent compromis si elles persistent dans
la voie qui est la leur.
La presse écrite
Excepté de rares textes rédigés par de bonnes
plumes lesbiennes [Magazine littéraire, dossier « Littérature
et homosexualité », décembre 2003, et l’excellent
dossier « Homos : en mouvement », dans Politique,
la revue il y a bien longtemps (juillet-août-septembre
1997)], pas d’articles de fond de qualité à ma
connaissance dans la presse écrite hétérosexuelle,
dont les auteur-e-s trahissent souvent leur méconnaissance
du sujet dans des textes indigents voire affligeants.
CONCLUSION
Sans doute, oui, le chemin sera-t-il long avant que ne s’instaure
une véritable visibilité sociale et culturelle lesbienne,
à l’intérieur d’une société
moins que jamais libérée des clichés séculaires
d’exclusion du féminin – ne parlons pas du lesbien
! Mais désormais, les lesbiennes parlent, campées solidement
sur le soubassement féministe libertaire issu de mai 68 et/ou
surfant sur la vague LGBT et queer. Désormais légitimes
irréversiblement, un certain nombre d’entre elles donnent
le ton et influent sur le rapport de force avec la société
« at large », comme disent les Québécoises.
Mais je me garderai bien de crier victoire. Trop de lesbiennes sont
acculturées, phagocytées par la culture hétérosexuelle
et gay, trop peu souhaitent l’existence d’une culture
lesbienne, trop peu sont porteuses d’une ambition lesbienne,
trop peu souhaitent autre chose que l’aménagement d’un
« territoire intérieur », confortablement
interné en hétérosocialité, trop d’exemples
historiques me font penser que notre position est précaire
et que, du jour au lendemain, nos acquis peuvent disparaître.
Je pense par exemple à la parenthèse de liberté
dont bénéficièrent les femmes au début
du siècle et qui se referma sinistrement dans les années
30. Je pense à des signes comme l’interdiction aux moins
de 16 ans, par le CNC, des 11 films proposés par Cineffable
dans le cadre de la Fierté lesbienne 1999 à Paris. Je
pense surtout à la frilosité des femmes et des lesbiennes
françaises, aux je-ne-suis-pas-féministe-mais... aux
pour-vivre-heureuses-vivons-cachées, aux vade-ghetto-satanas,
qui fragilisent par leur lâcheté, leur pathétique
désir de plaire, de ne pas déplaire, le travail des
militantes, des rêveuses, des utopistes, de celles qui veulent
toujours et encore changer le monde.
Notes
* Ce texte est la version mise à jour et enrichie de France,
années 90 : la décennie lesbienne, communication
faite en 1999, dans le cadre du séminaire Orientation et identités
sexuelles, questions de genre - Équipe Simone, conceptualisation
et communication de la recherche/femmes, université Toulouse-Le
Mirail. Il a paru dans Lesbia Magazine en trois parties,
de juin à septembre 2005.
1. Claudie Lesselier, « Pourquoi une femme avec une femme ?
Écrire l’amour lesbien, 1945-1968 », Amazones
d’hier, lesbiennes d’aujourd’hui, 1987.
2. Un coup de chapeau, en passant, à Jeanne Galzy (1883-1977),
prix Fémina 1923, charmante vieille dame indigne, auteure de
La surprise de vivre, roman – que l’on peut qualifier
de féministe et de lesbien avant la lettre – paru en
1969 chez Gallimard et réédité par la maison
d’édition lesbienne Double Interligne en 1997.
3. Pionnière entre les pionnières, Monique Wittig, lorsqu’elle
écrivait ces mots, avait déjà publié L’opoponax
(Minuit, prix Médicis 1964), Les Guérillères
(Minuit, 1969), Le corps lesbien (Minuit, 1973), Brouillon
pour un dictionnaire des amantes (avec Sande Zeig, Grasset, 1976).
4. Dont, à Paris, les mythiques Gouines rouges (1972), le groupe
Lesbiennes de Jussieu (1979), le Front des lesbiennes radicales (1981)
ou le MIEL (Mouvement d’information et d’expression des
lesbiennes, 1981). Une coordination des groupes lesbiens est créée
à Lyon en novembre 1978.
5. Désormais, mensuel féministe lesbien (1979-?),
le journal Quand les femmes s’aiment (Lyon/Paris, 1978-début
80), la revue Vlasta (1983-1985), le journal Lesbia
(1982, devenu Lesbia Magazine).
6. Le torchon brûle (1971-1973) ; Recherches
(n° de mars 1973) ; Les temps modernes, n° spécial,
« Les femmes s’entêtent », avril-mai 1974
; Les cahiers du GRIF, n° 20, avril 1978, « Femmes
entre elles – lesbianisme » ; Questions féministes
(1977-1981), Masques, revue des homosexualités (1979-1985),
Homophonies, mensuel d’information et de liaison des
lesbiennes et des homosexuels du Comité d’Urgence Anti
Répression Homosexuelle.
7. Homophonies, n° 12, octobre 1981.
8. Questions féministes, mai 1980, n° 8, rééd.
dans Monique Wittig, La pensée straight, Balland,
2001.
9. À la suite du constat, en 1995, pendant la préparation
de la Conférence mondiale des femmes à Pékin,
de l’absence de représentation officielle des lesbiennes
françaises, conférence dont la déclaration finale
omet le terme d’« orientation sexuelle », renvoyant
les lesbiennes à la non-existence. It’s décidément
a long way…
10. Après enquête menée auprès d’une
professeur de lettres de mes amies, la récolte est maigre :
un poème d’amour de Marina Tsvetaïeva, dans une
anthologie proposée aux professeurs de lettres de 2e cycle
au début des années 2000 et trois poèmes de Renée
Vivien tirées de Cendres et poussières dans
un manuel de littérature édité en 1989 et qui
n’est plus « en service ». On notera que dans
les deux cas il (ne) s’agit (que) de poèmes…
11. Geneviève Pastre (1989), KTM éditions (1998), Mamamélis
(1984, Suisse), Trois (1986, Québec), éditions Gaies
et lesbiennes (1997), La Cerisaie (2002), Dans l’Engrenage (2003),
éditions Julie Arno (2004).
12. Les Mots à la bouche à Paris (qui a fêté
ses 25 ans cette année), État d’esprit à
Lyon (1999), Blue Book à Paris (2003) qui a fait suite à
la librairie Pause lecture (1999-2002), L’Auberginal à
Toulouse (2003-2005), Violette and Co à Paris (2004), L’Écrit
de la différence à Canne (2004), Les mots pour le dire
à Marseille (2004). Notons que quatre des sept librairies sont
tenues par des lesbiennes (État d’esprit, Violette and
Co, L’Écrit de la différence, Les Mots pour le
dire).
13. lib.lesamazones@wanadoo.fr - Tél. : (33) 01 40 46 08 37
- Fax : (33) 01 55 42 98 34 - 68, rue Bonaparte - 75006 Paris - par
correspondance uniquement.
14. Entre autres : dykeplanet.com - feesdulogis.net - lez-attitude.com
- tassedethe.com.
Notes
15. les archives lesbiennes : arcl.free.fr – Bagdam Espace lesbien
: bagdam.org – Le CEL : cel-marseille.org – Cineffable
: cineffable.fr.fm – CQFD/Fierté lesbienne : fiertelesbienne.org
– Lesbi-Art : membres.lycos.fr/lesbiart1/ – Les Voies
d’Elles : les-voies-d-elles.com – La Barbare : la_pie.club.fr/elles/index.htm
– Les Bénines d’apie : lesbenines.org…
16. Mais les choses avancent, grâce surtout à l’action
de la Coordination lesbienne en France qui fait connaître aux
élus et aux représentants des institutions le dossier
rédigé par la commission Lesbophobie de la CLF sur les
discriminations et violences lesbophobes et sur le sexisme qui les
imprègne. La CLF a, par là même, largement contribué
à l’adoption du concept de lesbophobie par nombre de
féministes, mais aussi dans le milieu gay qui était
hostile à ce terme il y a peu (S.O.S. Homophobie a récemment
édité une plaquette sur ce thème, alors qu’il
y a quelques années il n’y avait pas de distinction entre
lesbiennes et gays dans ses rapports). Les Dictionnaire de l’homophobie
et Dictionnaire des cultures gays et lesbiennes comportent
une entrée Lesbophobie.
17. Lire « F(emale) to L(esbian) : pour un nouveau GENRE de
visibilité », communication de Jacqueline Julien au colloque
Le sujet lesbienne - Subvertir la pensée hégémonique
- pour une réécriture du symbolique, Rome, 14-15
mai 2005, Espace lesbien n° 4, 2e édition, 2005,
et sur le site de Bagdam Espace lesbien.
18. Ibid.
19. Un autre festival non mixte se tint à Bologne de 1993 à
2003 : « Immaginaria, Festival Internazionale del Cinema delle
donne ribelli, lesbiche, eccentriche ».
20. CLF : 22, rue de Plaisance 75014 Paris – tél. : 06
70 31 98 62 - mail : n.rubel@caramail.com - site : www.coordinationlesbienne.org
21. gpastre-editions.com
22. Le dykeGuide (les lieux lesbiens en France + des infos),
en vente sur http://dykeguide.com (site officiel), Réseau lesbien,
service de rencontre du dykeGuide : 08 92 68 89 90, dykeBoutique
: http://dykeboutique.com
23. Un coup de chapeau à Jean-Christophe dont la librairie-salon
de thé gayetlesbienne l’Auberginal à Toulouse
offrait un bon rayon lesbien et un rayon féminisme ! Malheureusement,
malgré le soutien massif des lesbiennes de Toulouse, L'Auberginal
a fermé ses portes en 2005.
24. Par laquelle les dominants, loin d’abandonner leurs tentatives
d’imposer leurs normes, font mine d’accepter les différences
pour mieux les contrôler. L’expression tolérance
répressive est de H. Marcuse.
25. Muriel fait le désespoir de ses parents (Philippe
Faucon et Catherine Klein, France, Arte, 1995), Charlotte dite
Charlie (Caroline Huppert, France, 1995, France 2), La rivale
(Dagmar Hirtz, Allemagne, 1997, Arte), Tous les papas ne font
pas pipi debout (Dominique Baron, Belgique, 1998, France 2).
26. Le petit livre des larmes (Bruno Albin & Christian
Hirou, 1995, France 2), Le silence de Lesbos (Guylaine Guidez,
Canal +, 1996), Paris était une femme (Andrea Weiss
et Greta Schiller, Arte, 1997 et 1998), Love story (Catrine
Clay, GB, 1998, sur Aimée et Jaguar, Arte, 1998 et 1999).
27. Par exemple Lesbien raisonnable, L’Œil du
cyclone, Catherine Gonnard et Josée Constantin à l’occasion
de la Gaypride, juin 1999.
28. Lire Michèle Brandini, Il y a des lesbiennes dans le film
!, Espace lesbien, n° 4, 2004.
29. Lire Michèle Causse, L’Université : Alma mater
ou père indigne ?, Espace lesbien, n° 2, 2001.