Festival du Printemps lesbien
de Toulouse 2009
Festival-en-ville - 7 > 8 > 9 > 10 avril
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Librairie Ombres blanches > 50, rue Gambetta - M° Capitole
Cinéma Utopia-Toulouse > 24, rue Montardy, M° Capitole
Centre culturel Henri-Desbals > 128, rue Henri-Desbals, M° Bagatelle
Centre de développement chorégraphique (CDC) > 5, avenue Étienne-Billières - M° Saint-Cyprien
Auditorium du Musée d'art moderne et contemporain « Les Abattoirs » > 76, allées Charles-de-Fitte, M° Saint-Cyprien
Les mots et noms en violet gras renvoient à un site (cliquez dessus).
Toutes les invitées du Festival : cliquez ici
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PROGRAMME (programme du Festival laboratoire, cliquez ici)
Auditorium du Musée d'art moderne et contemporain « Les Abattoirs » |
Mardi 7 avril > 19 h 30 > Entrée libre
femmeusesaction #18,
les femmes ont du mal à tenir la distance
Cécile Proust, Jacques Hœffner
vidéo, 6' 12"
Mise en scène drolatique et hautement pédagogique d'un extrait de l'entretien entre Jean-Marc Bustamante, Xavier Veihan, artistes, et Christine Macel, conservateur au centre Georges-Pompidou, paru dans Bustamante (Flammarion, coll. la Création contemporaine, 2005). L’extravagante misogynie des échanges a superbement inspiré Cécile Proust qui en dévoile
toute la stupidité et le ridicule.
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La côte d'Ève
Une histoire des femmes artistes de 1970 à 2007
de Odile Foucaud, présentée par l'auteure,
maîtresse de conférences en histoire de l’art, université de Montpellier
vidéo, 2007, 57'
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Entretiens inédits avec :
Rina BANERJEE (née en Inde), montre la soif occidentale d'exotisme factice
E.V. DAY, son œuvre parle des stéréotypes sexuels, des rapports entre sexe et pouvoir
Louise LAWLER, ses photographies démontent avec humour les mythes de l'art occidental
Aleksandra MIR (née en Pologne), ses dispositifs interactifs détournent nos codes culturels
Shirin NESHAT (née en Iran), photographe et réalisatrice de films, prix Venise 1999
Edda RENOUF (citoyenne américaine), recherche formelle abstraite
Martha ROSLER théoricienne et praticienne d'une activité documentaire réinventée
Kiki SMITH (née en Allemagne), sculpte et grave sur le thème du corps
Laura COTTINGHAM critique d'art spécialiste de l’art féministe des années 1970.
Œuvres de : Louise BOURGEOIS, Kathy GROVE, Les GUERRILLA GIRLS, Barbara KRUGER...
La place des femmes artistes dans les circuits institutionnels de l'art contemporain demeure réduite, aujourd'hui encore, en dépit d’avancées certaines. En revanche, leurs créations, en particulier celles générées par les recherches féministes, ont été essentielles dans le renouvellement complet des pratiques artistiques et des modes d'expression depuis les années 1970.
Aux États-Unis, depuis plus de trente ans, féministes, universitaires et artistes ont investi cette question. Notre enquête est donc menée à New York, métropole artistique internationale. Nous y avons rencontré des femmes remarquables de générations et de nationalités diverses, originaires d’Amérique, d’Europe, d’Asie, du Moyen-Orient. Toutes connues au niveau international, elles ont donc su franchir des obstacles sans nombre, et leur expérience du parcours de la combattante est exemplaire.
Elles sont aussi parmi les plus représentatives de la part novatrice des femmes dans l'art contemporain des dernières décennies, de Martha Rosler, active dès la fin des années 1960, aux plus jeunes comme E.-V. Day ou Aleksandra Mir.
L’approche des œuvres se poursuit en Europe, à Venise, Bilbao ou Toulouse…
La création artistique, œuvre de l’esprit, « cosa mentale », selon Léonard de Vinci, très majoritairement masculine fut longtemps opposée à la procréation féminine, biologique, dans l’opposition binaire entre l’homme lié à la culture et la femme liée à la nature.
Depuis les années 1970, dans les arts plastiques occidentaux, les femmes artistes semblent s’être imposées par leur nombre, comme par l’importance et les qualités novatrices de leurs travaux. Une analyse plus attentive montre cependant qu’elles sont restées et restent encore, pour la plupart, tenues à l’écart des circuits officiels et commerciaux. Elle montre aussi qu’à partir de la seconde vague du féminisme elles ont souvent abordé les sujets liés aux questions de genre, aux présupposés sexistes et à la réhabilitation des pratiques et des vécus féminins.
Toutefois, qu’elle revendique une singularité de genre ou pas, la création des femmes reste la plupart du temps considérée comme autre, communautaire, spécifique, face à une création « sans genre », c’est-à-dire masculine qui, en dépit des déconstructions de la philosophie postmoderne, continue de s’imposer comme seule détentrice – à de rares exceptions près – des valeurs universelles.
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Cécile Proust dans femmeusesaction #18
Louise Bourgeois, Maman
Barbara Kruger, Printemps de Septembre, Toulouse 2002
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Librairie Ombres blanches |
Mercredi 8 avril > 18 h
Une opérette à Ravensbrück (Points-Seuil, 2007)
de Germaine Tillion, présentée par l’historienne Sylvie Chaperon
université de Toulouse-Le Mirail. Suivra un cocktail en musique :
Siena et Mouniette, clavier et voix
Un grand merci à l'association Germaine Tillion pour son aide précieuse dans l'organisation de cette soirée |
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Résistante de la première heure (elle fait partie puis dirige le célèbre réseau du Musée de l’homme), l’ethnologue Germaine Tillion est dénoncée et déportée à Ravensbrück ; elle a 36 ans. Elle y survivra portée par la colère (« Hors de question de mourir ! ») et la volonté de comprendre. Cette volonté et un humour corrosif lui font écrire, dans des conditions rocambolesques, une « opérette revue » sur la réalité concentrationnaire – à mi-chemin entre la pièce de théâtre et la comédie musicale (des danses et des chansons populaires aux paroles détournées* scandent le texte) : Le Verfügbar** aux enfers, pastiche d’Orphée aux enfers d’Offenbach.
Bagdam Espace lesbien choisit d’inaugurer « L’arme du rire », thème de son festival, par l’évocation de cette œuvre emblématique. Voilà donc ce que PEUT le rire, non pas de seule « rigolade » (et pourquoi pas aussi), mais nourri par l’esprit de rébellion, de résistance, et un sens révolutionnaire de l’existence. Il illustre plus que tout le pouvoir salvateur de la légèreté assumée contre la tragédie subie.
Dans cet univers d’entre femmes, le devenir lesbienne a été une réalité essentielle souvent occultée, ce que n’a pas fait Germaine Tillion. Dans le camp il y a les « julots », qui nous rappellent que l’amour sous toutes ses formes participe à la survie :
« Kate qui, toute la journée,
A joué les boxeurs,
Les ténors peu légers,
Se souvient le soir qu’elle a un cœur
Elle se lance avec ardeur
À la r’cherche de l’âme sœur… »
Contre la déchéance physique, contre l'apitoiement sur soi et la désespérance, Germaine Tillion a su trouver, en militante opiniâtre, les moyens d'un courage collectif, jusqu'à témoigner que le rire, comme pulsion de survie et arme subversive, peut défier un système de déshumanisation.
Au demeurant, par les temps qui courent, l’« arme du rire » n’est-elle pas la seule qui puisse encore soulever certaines chapes de plomb ?
* Par exemple, sur l'air d'Au clair de la lune : « Notre sex-appeal/ Était réputé... / Aujourd'hui sa pile/ Est bien déchargée », chante, d'un ton lamentable, précise Germaine Tillion, le chœur des Verfügbar.
**Les Verfügbar désignaient les prisonnières qui avaient décidé de ne pas travailler pour les Allemands. N’étant inscrites dans aucune colonne de travail, elles étaient corvéables à merci, « à la disposition » (zur Verfügung) des SS.
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Le Verfügbar aux enfers, théâtre du Chatelet, 2007, Le chœur des Julots
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Mercredi 8 avril > 21 h
Lez.moi rire
9 courts métrages inédits à Toulouse,
85',
tarifs Utopia (6 € PT ou 4,5 € TR)
VO (allemande, américaine, espagnole, italienne) STF
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Vélocipèd(é)
Anne CRÉMIEUX France/États-Unis, 2003, 5', Fiction-animation
Une love affair en roue libre et menée rondement : deux nanas se repèrent pendant leur balade à vélo. Les vélos auront des choses TRÈS intéressantes à nous raconter…
Bloody Well Done
Natalie PERCILLIER Allemagne, 1994, 5', Animation
Plus radicale féministe tu meurs. La protagoniste sort de chez elle pour aller accomplir sa “mission” : un truc qu’elle a l’air de trouver comme allant de soi, normal quoi. À nous de découvrir ce qu’est pour elle cette… “normalité”.
Kiss-ing
Groupe P.A.L. Milan (Pratique d’Actions Lesbiennes) Italie, 1996, 7’ 30. Documentaire
Derrière cette désopilante caméra cachée, un vrai manifeste politique.
Deux filles enlacées à un carrefour très animé en plein centre de Milan s’embrassent à pleine bouche pendant… (voir ci-dessus durée du film). Comment réagissent les passants devant ce qui passe pour… una provocazione ? La caméra “objective” du groupe P.A.L. nous découpe en quelques minutes le tableau d’une société.
Flores en el parque Espagne, 2006, 10’, Fiction
Mariel MACIÀ
Elles se sont connues en chattant sur internet et se donnent rendez-vous dans un jardin public. Mais du dire au faire… Certains petits ajustements seront peut-être utiles entre chat et réalité. La jeune réalisatrice espagnole a été surprise par le succès remporté par ce premier court. Sans moyens, elle réussit un vrai petit bijou de tendre autodérision. Elle sera présente au festival.
Heldinnen der liebe (Les héroïnes de l'amour), Allemagne, 1996, 10’, Fiction
Natalie PERCILLIER et Lily BESILLY
Nous sommes en pleine guerre 14-18. Une soldate française et une soldate allemande montent la garde de leur campement respectif dans la forêt, ignorant qu'ils ne sont qu'à quelques mètres l'un de l'autre. De l'amour entre les peuples….
What hot guy ? (quoi quel bon coup ?) États-Unis, 2006, 3’, Fiction
Mary THOMPSON
Il faut un vrai talent du scénario pour nous faire rire si vite et pendant les 3’ top chrono que dure ce très court. Susan se réveille avec la gueule de bois du siècle. Tandis qu’elle répond laborieusement au téléphone elle découvre qu’elle a apprécié autre chose que des boissons fortes durant sa soirée.
Savage Island Allemagne, 1999, 8', Fiction
Gisela KOPP
Imaginez que vous avez retrouvé dans votre cave une pellicule inédite du début du siècle dernier. Sur l’écran muet et tremblotant, vous découvrez deux survivantes du fameux naufrage du Queen Mary (1912) en train d’échouer sur une île “sauvage”. Là, une-terrible-menace-les-guette. Pas de stress, ça finit bien, vous verrez. Du moins pour l’une des deux.
The Attack of the Bride Monster
(L’attaque du Monstre de la Mariée) USA, 2005, 17', Fiction
Vicky BOONE
La question est la suivante : est-ce que les lesbiennes (et les homos), une fois gagné le droit au mariage, doivent se marier puisqu’elles (ils) peuvent le faire ? Stella (25 ans de vie commune) devient tout d’un coup littéralement possédée par le monstre de la Mariée et veut à tout prix couronner son couple par un mariage. Cette comédie réjouira les singles et fières de l’être, celles qui ne risquent pas d’être attaquées par le monstre, et fera pouffer celles qui se reconnaîtront dans Stella et son envie compulsive de convoler.
Pepita, Laura, Kitty et l'utérus artificiel France, 2007, 17', Fiction
Caroline FOURNIER et Nathalie HAZIZA
Et maintenant une histoire de bébé lesbienne. Mais on vous avertit, les couleurs acidulées de la déco années 50 ne présagent rien de sérieux dans cette affaire. Assia et Laura se dorent (la pilule ?) au soleil. Laura, genre “je vais faire un nouveau caprice dac ?”, a décidé qu’elle veut un gosse. Elle tombe sur un article affirmant qu’un chercheur a réussi la fécondation de deux ovules entre elles et qu’une petite souris est née de deux mamans biologiques. Qu’à cela ne tienne, voilà nos deux aspirantes es maternité lancées sur la voie de la parthénogénèse. Ou presque. Promis, la soirée se termine avec cette comédie sur un immense éclat de rire.
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Vélocipèd(é)
Bloody Well Done
Kiss-ing
Flores en el parque
What hot guy ?
The Attack of the Bride Monster
Pepita, Laura, Kitty et l'utérus artificiel
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Centre de développement chorégraphique (CDC) |
Jeudi 9 avril > 19 h
Cécile Proust
femmeusesaction #19, final/ment/seule,
performance chorégraphique,
1 h 30, entrée 9 € (tarif CDC)
Spectacle organisé en partenariat avec le CDC Toulouse/Midi-Pyrénées. Réservations : 05 61 59 98 78
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« Le spectacle femmeusesaction #19, final/ment/seule est le prologue d’une postface, personnel et donc politique, drôle mais extrêmement pointu, féministe et sexuel, précis et documenté mais quelquefois flou et de mauvaise foi. Simili lesbienne couchant avec des hommes, Cécile Proust y fait feu de tout bois, elle est seule mais très entourée, peut-être nue mais néanmoins culottée. Entre l’autoportrait et le pamphlet, ce manifeste intime est aussi le porte-parole d’autres voix. Ça peut vous caresser dans le sens du poil mais aussi vous le rebrousser voir vous le hérisser. C’est lisse et soyeux mais quelquefois rugueux et rageur en évoquant les violences faites aux femmes et aux droits qui sont encore à prendre. C’est impatient et inachevé tout en interrogeant les horizons d’attentes et les conditions d’élaborations d’un tel projet. C’est singulier donc universel. Bref, un truc impossible. »
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Photo Jacques Hœpffner
Cécile Proust est danseuse
et chorégraphe. Depuis 2004, elle mène femmeuses qui interroge les liens entre les pensées féministes et la postmodernité en art.
Un travail sur la fabrication
du genre et l'ordre sexuel
pour lequel elle a rassemblé théoricien-ne-s et artistes.
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Centre culturel Henri-Desbals |
Vendredi 10 avril > 21 h
Hélène Marquié
Ma première rétrospective de mon vivant,
performance chorégraphique, 1 h, entrée 9 €
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Mieux vaut s'y prendre à l'avance, et s'assurer que le travail est bien fait... Ça faisait très longtemps que j'avais envie de le faire, mais je n'osais pas... Aujourd'hui, c'est LE créneau porteur. Il est temps que je me lance. Après 20 ans de danse muette, je vais enfin parler... Je vais parler... de moi... Peut-être vais-je enfin être programmée au festival d'Avignon. Peut-être...
• Chorégraphie et interprétation : Hélène Marquié
• Musiques : Klezmorim, Beethoven, Evasion, Colette Magny, Schubert, Mikhail Alperin, LSD Projection
• Et les voix de : Philippe Languille, Kader Rahmani
• Création lumières : Patricia Godal
http://www.compagniehelenemarquie.com/
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Photo Jean Gros-Abadie
Outre sa formation en danse contemporaine, classique et jazz, Hélène Marquié a suivi une formation en mime et théâtre corporel. Docteure en esthétique, enseignante, militante féministe de longue date, elle mène de front actuellement une carrière de chorégraphe et danseuse, et une carrière de chercheuse portant sur l'esthétique et l'histoire de la danse, ainsi que sur les questions de rapports sociaux de sexe et de genre. Son travail de recherche est intimement lié à ses créations.
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